2021 - Question de se remettre en question
- Sept. 21, 2021, 12:31 p.m.
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Question de se remettre en question
Si vous êtes comme moi, vous aimez vous poser des questions. Depuis un an et demi, le nombre de questions s’est multiplié. Des questions sur notre avenir, sur nos motivations et nos croyances ont occupé de plus en plus de place. Nous vivons dans des temps incroyables et presque difficiles à croire par moment. Pendant un certain temps l'hiver dernier, on m'aurait dit qu'on vit dans une grosse simulation et je n'aurais même pas été surpris. Une maison, un terrain et des interactions virtuels... ça ne doit pas être trop difficile à simuler... non? Si nous ne pouvons pas voir le reste de monde, est-ce le monde existe vraiment? Nos fils d'actualités, du moins le mien, semblent indiquer que oui. Mais comment en être vraiment certain? Ah!! Attention le "rabbit hole" ou comme on dit au Canada, le "trou de siffleux".
Le problème avec les questions aujourd'hui, c'est qu'en principe les réponses se trouvent dans notre poche, a seulement quelques mots-clés dans Google. Il est donc possible d'obtenir les réponses très rapidement. Malheureusement, les questions sur l'avenir offrent des réponses... catastrophiques. Si la tendance se maintient, il est de plus en difficile d'oser imaginer un futur viable et pas trop dystopique. La liste de trucs qui ne fonctionnent pas dans notre société ne cesse d'augmenter. Je pense même que c'est proportionnel à la quantité d'information à laquelle nous avons accès. Plus on en sait, plus ça va mal, moins c'est encourageant. Suis-je seulement défaitiste et déprimé? Peut-être, mais en parlant avec des jeunes professionnels de mon entourage, ça semble être un sentiment partagé. Plusieurs se remettent en question face à ces défis grandissants. Ce n’est pas qu'on a peur des défis, c'est juste que les problèmes semblent se multiplier comme une hydre. T'en règle un, y'en pousse deux autres. Impossible d'avoir un impact net positif. Chaque action qui semble en apparence "bonne" se révèle dommageable à long terme. L'électrification des transports est un bon exemple. Connaissez-vous l'impact de l'extraction des ressources nécessaires pour fabriquer un seul de ces véhicules? L'impact des cartes électroniques, des batteries et de l’IA sur l'environnement? La vérité, c'est qu'on n’a aucune idée. Il doit surement exister quelques études qui avancent quelques chiffres, mais croyez-moi, l'impact va se faire sentir dans 30-40ans comme avec le pétrole. Oups.
J'en reviens aux questions. Lorsqu'on est en génie, on nous dit qu'on bâtit le monde! C'est beaucoup de responsabilité quand même... surtout que nous n'avons plus droit à l'erreur. Dans le temps, c'était facile de "ne pas savoir"... on ne le savait pas. Aujourd'hui, les réponses sont à quelques clics... et il faut souvent se méfier des sources. Faut donc se poser des questions... les bonnes. Cela implique qu'il y a de mauvaises questions. Lorsqu'on parle de bon ou de mauvais, c'est de la morale et cela repose sur des valeurs. Poser de bonnes questions suppose donc de s'appuyer sur des valeurs, mais sur quelles valeurs? Ceux de l'entreprise? Du client? Sur nos valeurs personnelles? Idéalement il faudrait des valeurs collectives à l'échelle globale. Mais peut-être que je vais trop loin. C'est probablement beaucoup plus simple. Faudrait simplement agir en fonction de ce que nous voulons comme futur... mais que voulons-nous comme futur?
Que voulons-nous comme futur? Je crois qu'instinctivement on imagine tous deux futurs : une ribambelle d'enfants jouant autour d'un arbre centenaire dans un champ de blé organique en respirant de l'air pur et un autre futur avec ces mêmes enfants connectés à leur neuro-pc-quantique en train de faire des micropayements de crypto dans la «safe zone» du Metaverse de Zuckerburg. D’un côté, on revient à des temps plus simples et de l’autre, on augmente la complexité à un point telle que notre espèce s’en retrouve changée à jamais. Présentement, la complexité semble prendre le dessus. On prêche l’innovation dans tous les recoins de notre société. On investi des sommes colossales dans les nouvelles technologies en espérant nous sauver de notre «misère». Espérant résoudre tous nos petits bobos et combler tous nos moindres désirs. Si nous avons tué nos dieux au 20e siècle, ce n’est que pour les remplacer avec des entités bien réelles au 21e. Gloire à GAFA! Est-ce qu’il est trop tard pour se poser des questions sur notre avenir? GAFA semble déjà avoir décidé pour nous. Les jeux sont faits. Il ne reste plus qu’a attendre notre chèque de revenu minimum garanti ou bien d’aller se réfugier dans les montagnes.
Ce discours est loin de me plaire. Il ne plait à personne d’ailleurs. Je crois qu’il y a encore de l’espoir et ça a prit une pandémie pour s’en rendre compte. Ce que nous avons cru impossible il y a de cela deux ans s’est produit. Nous avons pris un temps d’arrêt. Du jour au lendemain, la planète a tiré sur le frein d’urgence. Pendant presque un mois, tout le monde était en mode adaptation, entraide et solution. C’était beau à voir. J’en viens donc à la conclusion que lorsqu’on veut on peut! Si nous voulons assurer notre futur, nous le pouvons…
Ce qu’il faut c’est de penser différemment! Innover pour simplifier les choses. Innover en pensant au cycle de vie des produits. Innover en harmonie avec notre environnement. Innover pour rendre notre production plus flexible, adaptable et efficace. Et si innover voulait dire de retourner en arrière sur certaines choses ou de simplement en éliminer? Avez-vous déjà entendu l’expression «less is more»? N’ayez crainte le lien avec la robotique arrive sous peu. La robotique c’est de concevoir des systèmes qui interagissent de manière autonome (ou semi-autonome) avec notre monde physique. Leur impact est donc tangible, observable et mesurable. Il est donc essentiel d’innover en conscience! Cela m’amène à vous parler du nouveau livre de Céline Verchère, Johane Patenaude et Georges-Auguste Legault intitulé « Innover en conscience : une approche par les Usages Responsables ». Ce livre est un excellent guide pratique qui invite les concepteurs à se poser les bonnes questions au bon moment sans jugement moral. Si nous voulons assurer notre avenir, commençons par nous poser plus de questions!
Et vous? Quel sera votre rôle dans la construction d’un tel futur?